Salomé

Auteur

Salomé DV

Date de publication

19 juillet 2020

Illustration

Sans fard

Articles

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Je me rends compte que je n’ai encore jusqu’ici jamais vraiment porté mon histoire.

Ce qui m’a mené là, aujourd’hui. Ce qui a permis à Chamade d’exister.

Peut-être est-ce ce confinement, une envie de poser là, sans fard, le processus intérieur qui a été le mien. Pas par exhibition, mais parce que je pense que cela peut, même un petit peu, aider d’autres personnes.

Après de longues années d'études de droit et d'histoire de l'art, j'ai exercé plusieurs années comme juriste et avocate, bien formatée que j'étais au monde matériel et rigoureux qui m'avait fait tellement rêver.

J'avais tout.

Enfin toute la panoplie de la vie bien rangée: un statut professionnel respecté, une situation financière confortable, une vie de famille chronométrée.

Chaque pan de ma vie était parfaitement sous contrôle, Et j'étais devenue une professionnelle de la gestion, mettant au même plan travail dans mon cabinet et vie personnelle.

J'ai dépensé les dix dernières années de ma vie à créer cette belle façade, ne laissant rien au hasard.

J'avais choisi un milieu masculin ou en tout cas formaté par les hommes, dans un monde dirigé par les hommes et dans lequel l'énergie masculine est extrêmement valorisée.

Toujours empreinte d'idéaux féministes et de justice, j'ai pensé - à tort, mais il faut le temps de faire le processus intérieur ;) - que la solution était de me comporter comme un homme et d'adopter les codes masculins de performance permanente imposés par notre modèle économique actuel.

Je me suis imposée beaucoup de violence. J'ai accepté beaucoup de violence.

Prétendant que c'était possible pour moi de travailler je ne sais combien d’heures par semaine alors que j'étais enceinte.

Ignorant les signaux de mon corps et les conseils de mes bienveillantes sage-femme et médecin qui m'exhortaient de me reposer et de prendre soin de mon enfant à naître et de moi-même.

J'ai pensé que je n'avais pas le choix que de retourner travailler, à temps plein, 2 mois et demi après la naissance de ma fille.

Je me suis dit que j'avais levé le pied, il est vrai que j’ai un peu réduit la dose d’heures de travail, mais quand on part d’une activité excessive, on ne se rend même plus compte que même un peu moins, c’est encore beaucoup trop.

J'ai tenu un an et demi la cadence.

Compensant mes frustrations et mon stress par le sport et du shopping.

Jusqu’au jour où...

Début 2019 un grain de sable est venu enrayer le rythme intenable que je m'étais imposé.

J'étais au pied du mur: j'avais négligé ma santé, mon bien-être et fragilisé mon équilibre psychologique.

J'étais épuisée.

Rongée par la culpabilité de ne pas être une maman assez présente et de passer à côté de ma fille.

Rongée par la culpabilité de ne pas arriver au niveau de performance exigé dans ma profession d’avocat, parce que, justement, j'avais une famille.

Ce grain de sable est devenu un tsunami.

Une porte s'est ouverte en moi, elle m'a menée à l'exploration de mon monde intérieur, à la compréhension profonde et spirituelle de mon existence et de la valeur inestimable de la vie et de celles de mes proches.

Tout mon système de valeur et la façade parfaite que j'avais construite s'est effondrée.

Laissant place à la lumière, l'espoir et beaucoup beaucoup d'amour, envers les autres et aussi, pour la première fois envers moi-même.

Très vite, le rythme et la violence de ma réalité sont devenus insupportables. Cela a commencé par une énorme fatigue.

Et puis le stress.

Et puis l'angoisse.

Et puis la tristesse.

Continuer dans mon milieu professionnel était en train de m'éteindre et de me faire plonger dans une dépression terrible. Certains diront burn-out. Ceux qui sont passés par là sauront exactement de quoi je parle.

J'ai lutté contre cela, tentant de cacher au maximum les insomnies, les pleurs dans ma voiture en allant au bureau, les crises d'angoisses devant mon ordinateur, le souffle coupé, paralysée.

Encore une fois, je me suis "fait violence" comme on dit. Par peur de perdre la face, de perdre mon confort matériel, d'admettre que oui, j'étais en situation de faiblesse.

Heureusement, mon ouverture à la spiritualité, au minimalisme, mes nombreuses lectures, l'écoute de podcasts et des rencontres déterminantes m'ont permis de garder le cap, de ne pas sombrer.

J'ai décidé que je devais quitter, au moins momentanément, mon milieu professionnel, pour me soigner et prendre le temps, pensant pouvoir revenir au travail à l'automne dans un autre cabinet ou même mon propre cabinet.

Mais voilà, après deux mois de pause, aussi bénéfique que transformatrice, l'évidence était là: je ne voulais plus jamais revivre cela, mais surtout ma place est ailleurs.

Voici un extrait de mon carnet de l’époque :

« Je veux du temps pour moi.

Je veux du temps pour ma famille.

Je veux du temps pour mes amis. »

 

C'est comme cela qu’est né Chamade.

C’est la partie de moi re-née de mes cendres ✨.

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